Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/205

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son[1]. En Asie, notamment dans l’Inde, où la thésaurisation n’est pas, ainsi que dans l’économie bourgeoise, une fonction subordonnée du mécanisme de la production totale, mais où la richesse, sous cette forme, est le but final, les marchandises d’or et d’argent ne sont proprement qu’une forme esthétique des trésors. Dans l’Angleterre du Moyen Âge les marchandises d’or et d’argent, parce que leur valeur n’était que peu augmentée par le travail grossier qu’on y avait ajouté, étaient considérées légalement comme de simples formes de trésor. Elles étaient destinées à être jetées de nouveau dans la circulation et leur finesse était par conséquent prescrite tout comme celle du numéraire lui-même. L’emploi croissant de l’or et de l’argent pour les objets de luxe avec la richesse croissante, est une chose si simple que les anciens la comprenaient[2] parfaitement, tandis que les économistes modernes ont établi la fausse proposition : que l’usage des marchandises d’or et d’argent n’augmente pas proportionnellement à l’accroissement des richesses, mais seulement proportionnellement

  1. Pour montrer à quel point l’homme intime (the inner man) chez le possesseur de marchandises reste le même, alors même qu’il s’est civilisé et épanoui en capitaliste, il suffit de citer l’exemple d’un représentant londonnais d’une maison de Manque cosmopolite. Cet individu a fait encadrer et appendre au mur, comme blason familiale approprié, un billet de banque de 100.000 £. La pointe ici est dans le regard hautain et railleur que jette le billet sur la circulation.
  2. Cf. le passage de Xénophon cité plus bas.