Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/267

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Son vulgarisateur, l’insipide J.-B. Say, que les Français ont érigé en prince de la science — Johann Christoph Gottsched a bien érigé son Schönaich en Homère et Pietro Aretino s’est bien proclamé lui-même terror principum et lux mundi. — Say, avec beaucoup d’importance, a poussé jusqu’au dogme cette méprise, qui n’est pas tout à fait naïve, d’Adam Smith[1]. Au reste, son attitude de polémiste à l’égard des illusions du système mer-

    n’est vrai cependant qu’autant qu’il traite la question de l’argent ex professo. À l’occasion, par exemple dans sa critique des systèmes antérieurs d’économie politique, il s’exprime correctement à ce sujet : « La quantité de monnaie dans chaque pays est réglée par la valeur des marchandises qu’il doit faire circuler… La valeur des articles achetés et vendus annuellement dans un pays requiert une certaine quantité de monnaie pour les faire circuler et les distribuer à leurs consommateurs et ne peut en employer davantage. Le canal de la circulation attire nécessairement une somme suffisante pour le remplir et n’admet jamais rien de plus ».)

  1. Aussi la différence entre « currency » et « money », c’est-à-dire le moyen de circulation et l’argent ne se trouve-t-elle pas dans le « Wealth of Nations ». Trompé par l’impartialité apparente d’Adam Smith qui connaissait fort bien son Hume et son Steuart, l’honnête Maclaren dit : « The theory of the dependence of prices on the extent of the currency had not as yet attracted attention ; and Doctor Smith like M. Locke, considere metallic money nothing but a commodity. » Maclaren, loc. cit., p. 44. (La théorie de la dépendance des prix de la quantité des moyens de circulation n’avait pas encore attiré l’attention, et le Docteur Smith, de même que Monsieur Locke (Locke varie dans sa manière de voir) considère la monnaie métallique comme rien d’autre qu’une marchandise).