Page:Marx - Contribution à la critique de l’économie politique.djvu/69

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pas par cela seul immédiatement de la richesse. Pour les physiocrates cependant, comme pour leurs adversaires, la question brûlante n’est pas de savoir quel travail crée la valeur, mais quel travail crée la plus-value. Ils traitent donc le problème sous une forme compliquée avant de l’avoir résolu sous sa forme élémentaire. Aussi bien la marche historique de toutes les sciences ne conduit que par des chemins de travers, par des tours et détours à leurs véritables points de départ. À la différence des autres architectes, la science ne bâtit pas seulement des châteaux en l’air, mais elle construit un certain nombre d’étages habitables de l’édifice avant d’en avoir posé la pierre fondamentale. Sans nous attarder plus longtemps chez les physiocrates et laissant de côté toute une série d’économistes italiens qui, en des rencontres plus ou moins heureuses, ont pressenti l’analyse exacte de la marchandise[1], arrêtons nos regards sur le premier Breton qui ait traité du système entier de l’économie bourgeoise, sur Sir James Steuart[2]. Chez lui les catégories

  1. Cf. Galiani, Della moneta, vol. III. Scrittori classici Italiani di Economica polilica (édité par Custodi). « La fatica, dit-il, è l’unica che da valore alla cosa. », p. 74, (Seule la fatigue donna de la valeur aux choses). Désigner le travail par le mot fatica (fatigue) caractérise le méridional.
  2. L’ouvrage de Steuart, An inquiry into the Principles of Political economy being an essay on the science domestic policy in free nations a paru pour la première fois à Londres en deux volumes in-4o en 1767, dix ans avant le Wealth of Nations d’Adam Smith. Je cite d’après l’édition de Dublin de 1770.