Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/115

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fois depuis Février, il fut démontré maintenant que dans une grande ville l’invincibilité d’une insurrection populaire est une illusion ; les troupes, toujours battues jusqu’alors dans les batailles des rues, reprirent confiance dans leur force, même dans ce genre de combat.

C’est de cette défaite des ouvriers de Paris que datent les premiers actes positifs et les premiers projets définis du vieux parti féodal et bureaucratique d’Allemagne, si désireux de se débarrasser même de ses alliés momentanés, les classes moyennes, et de ramener la nation à l’état où elle se trouvait avant les événements de mars. L’armée était redevenue le premier pouvoir de l’État, et cette armée appartenait à ce parti et non aux classes moyennes. Même en Prusse, où, avant 1848, l’on constatait parmi les officiers des grades inférieurs des sympathies considérables pour un Gouvernement constitutionnel, le désordre introduit par la Révolution dans l’armée n’eut pour effet que de faire rentrer dans l’obéissance ces jeunes gens raisonnables ; la nécessité d’une discipline et d’une obéissance passive est devenue, pour eux, d’une évidence frappante, dès que le simple soldat se permit quelques libertés vis-à-vis de l’officier. Les nobles et les bureaucrates vaincus commençaient maintenant à voir clair ; l’armée, plus unie que jamais, s’enorgueillissait des victoires remportées dans les petites insurrections et dans la guerre étrangère ; elle