Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/144

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délicates discussions théoriques, purement formelles, et des questions d’étiquette constitutionnelle. L’Assemblée était en effet plutôt une école de savoir-vivre pour ses membres qu’une institution à laquelle le peuple pouvait prendre quelque intérêt. La majorité était, d’ailleurs, très bien équilibrée et presque toujours entraînée par le centre flottant, dont les oscillations de droite à gauche, et vice versa, renversèrent d’abord le ministère Camphausen, puis celui de Auerswald et Hansemann. Mais pendant que les Libéraux laissaient, ici comme partout, l’occasion s’échapper de leurs mains, la cour réorganisait ses forces parmi la noblesse, la portion la moins cultivée de la population rurale, l’armée et la bureaucratie. Après la chute de Hansemann, il se forma un ministère de bureaucrates et d’officiers — tous réactionnaires endurcis — qui, en apparence, donna satisfaction aux revendications du Parlement ; et l’Assemblée, agissant en vertu du principe commode de juger « les mesures et non les hommes » fut assez dupe pour applaudir ce ministère, tandis qu’elle n’avait, naturellement, pas d’yeux pour voir la concentration et l’organisation des forces contre-révolutionnaires que ce même ministère préparait tout à fait ouvertement. Enfin, sur le signal donné par la chute de Vienne, le roi renvoya ses ministres et les remplaça par des « hommes d’action », sous la direction de Manteuffel, premier ministre actuel. Alors cette