Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/146

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calmes. Enfin le Gouvernement ayant déclaré l’Assemblée dissoute, elle adopta une résolution déclarant illégale la levée des impôts, et ses membres se dispersèrent dans le pays, pour organiser le refus d’impôts. Mais ils s’aperçurent qu’ils s’étaient cruellement trompés dans le choix de leurs moyens. Après quelques semaines d’agitation, suivies des mesures sévères prises par le Gouvernement contre l’opposition, tout le monde abandonna l’idée de refuser l’impôt pour plaire à la défunte Assemblée, qui n’avait même pas eu le courage de se défendre elle-même.

Au commencement de novembre 1848, était-il déjà trop tard pour essayer une résistance armée, ou, au contraire, trouvant devant elle une opposition sérieuse, une partie de l’armée aurait-elle passé à l’Assemblée et ainsi décidé du résultat en sa faveur — c’est une question qui ne sera jamais résolue. Mais, dans la révolution, comme dans la guerre, il faut toujours faire front à l’ennemi, et l’attaque est toujours avantageuse ; et, dans la révolution comme dans la guerre, il est de toute nécessité de risquer tout au moment décisif, quel que soit l’état du différend. Il n’y a pas une seule révolution dans l’histoire qui ne prouve la vérité de ces deux axiomes. Pour la Révolution prussienne, le moment décisif était venu, en novembre 1848 ; l’Assemblée qui, officiellement, était chargée de tous les intérêts révolutionnaires, n’a ni opposé un front solide, — car elle cédait à chaque pas en