Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actes arbitraires des Gouvernements autrichien et prussien, excessivement libérales et même démocratiques. Le critérium de comparaison avait changé. L’Assemblée de Francfort ne pouvait pas, sous peine de suicide moral, rejeter ces mesures votées autrefois et modeler la Constitution sur celles que les Gouvernements autrichien et prussien lui dictaient, l’épée à la main. De plus, dans cette Assemblée, la majorité avait, comme nous l’avons vu, changé de côté, et l’influence du parti libéral et démocratique allait en croissant. Ainsi la Constitution impériale se distinguait non seulement par son apparente origine populaire, mais était en même temps, malgré toutes les contradictions dont elle était remplie, la plus libérale de toutes les Constitutions de l’Allemagne. Son principal défaut était d’être une simple feuille de papier, et de ne disposer d’aucun moyen pour faire exécuter ses décisions.

Il était naturel, dans ces circonstances, que ce parti, qu’on appelait démocratique, c’est-à-dire la masse des petits industriels, se cramponnât à la Constitution impériale. Cette classe était toujours plus avancée dans ses revendications que la bourgeoisie libérale, monarchiste et constitutionnelle ; elle avait montré un front plus hardi ; elle avait souvent menacé d’une résistance armée ; elle s’était prodiguée en promesses de sacrifier son sang et son existence pour la liberté ; mais elle avait déjà suffisamment prouvé qu’au jour