Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/183

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cet agrégat plutôt indistinct diminuait très vite aussitôt que les affaires semblaient prendre une tournure sérieuse. Les étudiants, en particulier, ces « représentants de l’intellect », comme ils aimaient à s’appeler, étaient les premiers à abandonner leurs drapeaux, à moins qu’ils ne fussent retenus par le grade d’officier qui leur était attribué et pour lequel, naturellement, ils n’avaient que très rarement des capacités.

La classe ouvrière s’engagea dans cette insurrection, comme elle se serait engagée dans toute autre qui lui eût promis soit d’écarter quelque obstacle de son chemin vers la domination politique et la révolution sociale, soit, au moins, de forcer les classes plus influentes, mais moins courageuses, de la société, à une action plus décidée et plus révolutionnaire que celle qu’elles avaient adoptée auparavant. La classe ouvrière prit les armes, sachant pleinement qu’au point de vue des conséquences directes, ce n’était pas sa lutte propre qu’elle menait, mais elle suivait en cela la seule politique juste, qui consistait à ne pas permettre à la classe qui s’élevait sur ses épaules (comme l’avait fait la bourgeoisie en 1848) de fortifier son Gouvernement de classe, sans au moins ouvrir à la classe ouvrière une libre carrière à ses propres intérêts, et, dans tous les cas, à amener une crise à la suite de laquelle, ou bien la nation serait lancée d’une façon décisive et irrésistible dans la voie révolutionnaire, ou bien le