Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/245

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troyer une Constitution, soit de créer une représentation illusoire en convoquant des représentants de bonne composition. Lorsque, contre toute attente, il se trouva à Brandebourg un nombre de députés suffisant pour prendre une décision, on laissa là l’hypocrisie, et l’on déclara dissoute l’Assemblée nationale.

D’ailleurs il va de soi que la couronne n’avait pas le droit de déclarer l’Assemblée nationale libre ou non. Personne autre que l’Assemblée ne pouvait décider si elle jouissait ou non de la liberté nécessaire à ses délibérations. Rien ne pouvait être plus commode pour la couronne, à chaque décision déplaisante de l’Assemblée, de déclarer que cette dernière n’était pas libre, qu’elle était irresponsable, de l’interdire !

Le ministère public a parlé également du devoir du Gouvernement de sauvegarder la dignité de l’Assemblée contre le terrorisme exercé par la population de Berlin. Cet argument a les allures d’une satire contre le Gouvernement. De la conduite tenue envers les personnes, je ne veux rien dire, et ces personnes étaient toujours les représentants élus du peuple. On a cherché à les humilier de toutes les façons, on les a poursuivies de la manière la plus infâme, on les a même traquées.

Laissons là les personnes. Comment a-t-on sauvegardé la dignité de l’Assemblée nationale dans ses travaux. Ses archives ont été livrées à la soldatesque, qui convertit en fidibus les documents