Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/295

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après la Révolution, les travailleurs étrangers non seulement se trouvaient sans occupation, mais se voyaient encore en butte aux vexations du public, ces légions étaient très en faveur. Le nouveau Gouvernement voyait en elles le moyen de se débarrasser des ouvriers étrangers. Il leur accorda l’étape du soldat[1], c’est-à-dire le logement et une indemnité de route de 50 centimes par jour jusqu’à la frontière. Arrivé à ce point, le ministre des Affaires étrangères, qui ne cessait d’être ému jusqu’aux larmes, le beau parleur Lamartine, s’entendait à les livrer traîtreusement à leurs Gouvernements respectifs.

Nous nous élevâmes de la façon la plus ardente contre ces tentatives de jouer à la révolution. Dans l’état de fermentation où se trouvait alors l’Allemagne, porter dans notre pays une invasion destinée à importer brutalement la Révolution, c’était desservir la révolution en Allemagne, consolider les Gouvernements et, — Lamartine en répondait, — livrer sans défense les légionnaires aux troupes allemandes. Quand à Vienne et à Berlin la Révolution fut triomphante, la légion devint parfaitement inutile. Mais on avait commencé et l’on continua.

Nous avions fondé un club communiste allemand où nous conseillions aux travailleurs de rester à l’écart de la légion ; mais nous les engagions, par

  1. En français dans le texte.