Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Peu de temps après, Schmidt apprit à Cherval qu’un policier prussien, du nom de Stieber, était arrivé à Paris. Il ne s’était pas contenté de découvrir son domicile, il avait même entendu dire, par le « garçon » d’un café voisin, que Stieber méditait de le faire arrêter, lui Schmidt. Cherval serait l’homme qui laisserait un souvenir au misérable policier prussien. « On le jettera à la Seine », répondit Cherval. Tous deux convinrent de pénétrer le jour suivant dans le domicile de Stieber, de constater sa présence sous un prétexte quelconque. La soirée suivante, nos deux héros entreprirent vraiment l’expédition. Chemin faisant, Schmidt pensa qu’il vaudrait mieux que Cherval entrât dans la maison, tandis que lui-même ferait sentinelle devant la maison.

« Demande, continua-t-il, après Stieber au portier, et s’il te fait introduire, dis à Stieber que tu voulais voir M. Sperling, et lui demander s’il rapportait de Cologne les billets que l’on attendait. À propos, encore une chose. Ton chapeau blanc te fait remarquer, il est trop démocratique, mets le mien qui est noir. » On change de chapeaux, Schmidt se met en sentinelle, Cherval tire la sonnette et se trouve dans la maison de Stieber. Le portier ne croyait pas que Stieber fut à la maison et Cherval voulait déjà se retirer, quand, du haut de l’escalier, une voix de femme s’écrie : « Oui, Stieber est à la maison. » Cherval suit la voix et tombe ainsi sur un individu à lunettes vertes qui