Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/414

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laquelle le second Empire français fournissait le modèle.

Après la chute de la révolution de 1848, le mouvement ouvrier allemand ne se manifestait que sous la forme d’une propagande théorique, restreinte à des cercles étroits et sur le danger de laquelle le Gouvernement prussien ne s’illusionna pas un instant.

La persécution des communistes lui servait de préliminaire à la croisade réactionnaire qu’il méditait contre la bourgeoisie libérale, et la bourgeoisie elle-même trempait encore l’arme principale de cette réaction, la police politique, en condamnant les représentants des travailleurs et en acquittant Hinckeldey-Stieber. C’est ainsi que Stieber gagna ses éperons de chevalier devant les assises de Cologne.

À cette époque Stieber n’était le nom que d’un policier subalterne à la chasse d’augmentations et d’avancement.

Aujourd’hui Stieber signifie la toute-puissance de la police politique dans le nouveau Saint-Empire prusso-germanique. En un certain sens, il est devenu une personne morale, morale au sens figuré, comme le Reichstag, par exemple, qui, lui aussi, est une personne morale. Maintenant la police politique ne frappe plus l’ouvrier pour atteindre le bourgeois. Au contraire, Bismarck, en sa qualité de dictateur de la bourgeoisie libérale d’Allemagne, se croit assez fort pour rayer le parti ouvrier du