Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/63

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public de l’Autriche, il est nécessaire de contracter toujours de nouveaux emprunts, ils étaient obligés d’avancer de temps en temps un nouveau capital, pour maintenir en crédit des obligations qui leur avaient déjà coûté des avances auparavant. La longue paix qui a suivi 1815 et l’impossibilité qu’il y avait apparemment à renverser un empire ayant, comme l’Autriche, plus de mille ans d’existence, a accru le crédit du Gouvernement de Metternich dans des proportions merveilleuses et la même rendu indépendant de la bonne volonté des banquiers et des agioteurs de Vienne ; aussi longtemps, en effet, que Metternich put obtenir de l’argent en abondance à Francfort et à Amsterdam, il eut, naturellement, la satisfaction de voir les capitalistes autrichiens à ses pieds. D’ailleurs, sous tous les autres rapports, ils étaient à sa merci ; les grands profits que les banquiers, les agioteurs et les fournisseurs du Gouvernement arrivent toujours à tirer d’une monarchie absolue, se trouvaient compensés par le pouvoir illimité que le Gouvernement possédait sur leurs personnes et sur leurs fortunes ; par conséquent on ne pouvait attendre de ce côté la moindre ombre d’opposition. Ainsi Metternich était sur de l’appui des deux classes les plus puissantes et les plus influentes de l’empire ; en dehors de cela, il possédait une armée et une bureaucratie qu’il était impossible d’organiser mieux pour servir les vues de l’absolutisme.