Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/67

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été examiné à fond deux ou trois fois et trouvé pur de la moindre contagion de l’esprit mauvais de l’époque.

Pendant trente ans à peu près, depuis 1815, ce système fut appliqué avec un succès étonnant. L’Autriche demeurait presqu’inconnue à l’Europe, et l’Europe était tout aussi peu connue en Autriche. L’état social des différentes classes de la population et du peuple prise dans son entier semblait n’avoir subi aucune modification. Quelle que fût l’inimitié qui put exister entre une classe et l’autre, — et cette inimitié était pour Metternich la condition principale du Gouvernement ; il la favorisait même en faisant des classes supérieures l’instrument de toutes les exactions gouvernementales et en les rendant ainsi odieuses, — quelle que fût la haine que le peuple pût éprouver à l’égard des fonctionnaires inférieurs de l’État, d’une façon générale peu ou pas de mécontentement ne s’attachait au Gouvernement central. L’empereur était adoré et les faits semblaient donner raison au vieux François Ier lorsque, émettant des doutes sur le caractère durable de ce système, il ajoutait ensuite avec satisfaction : « Et tout de même il tiendra tant que nous vivrons, moi et Metternich. »

Mais un mouvement lent, souterrain, se produisait et il déjouait tous les efforts de Metternich. La richesse et l’influence de la classe moyenne, commerçante, industrielle et manufacturière, s’accrois-