Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/76

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des armes aux bourgeois et aux petits industriels, a donné à cette classe une force et une importance ; sans doute la création d’un « Comité de salut public », a placé à la tête du pouvoir une sorte de Gouvernement révolutionnaire irresponsable dans lequel la bourgeoisie était prédominante ; mais en même temps les ouvriers étaient eux aussi armés en partie ; eux et les étudiants avaient combattu aussi longtemps qu’il y avait eu combat ; les étudiants, au nombre de quatre mille environ, fort bien armés et beaucoup mieux disciplinés que la garde nationale, formaient le noyau, la véritable puissance de la force révolutionnaire et ne voulaient en aucune façon servir de simple instrument entre les mains du Comité de Salut public. Tout en le reconnaissant, en le servant même, en le soutenant de la façon la plus enthousiaste, ils formaient cependant une sorte de corps indépendant et plutôt turbulent ; ils délibéraient séparément dans l’ « Aula », occupaient une position intermédiaire entre la bourgeoisie et les classes ouvrières, empêchaient, par leur agitation constante, les choses de retomber dans l’ancienne tranquillité habituelle et souvent imposaient leurs résolutions au Comité de sûreté ! D’un autre côté, les ouvriers étaient presque totalement privés de travail ; il fallait les employer aux travaux publics aux frais de l’État, et cet argent devait être pris soit dans les poches des contribuables, soit dans la caisse de la ville