Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/80

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révolution des classes ouvrières contre les classes moyennes ; elle a proclamé la chute du Gouvernement de ces dernières et l’émancipation du travailleur. Or la bourgeoisie prussienne avait eu, peu de temps auparavant, assez à faire, avec l’agitation ouvrière dans son propre pays. Il est vrai que, quand la première terreur des révoltes silésiennes fut passée, elle essaya de tourner cette agitation en sa faveur ; mais elle conserva toujours une horreur salutaire du socialisme et du communisme révolutionnaire, et lorsqu’elle vit à la tête du Gouvernement, à Paris, les hommes mêmes qu’elle considérait comme les ennemis les plus dangereux de la propriété, de l’ordre, de la religion, de la famille et des autres pénates du bourgeois moderne, elle sentit aussitôt son ardeur révolutionnaire se refroidir considérablement. Elle savait qu’il fallait profiter du moment et que, sans le concours des masses ouvrières, elle serait battue ; mais le courage lui manquait. Aussi, dans les premières explosions partielles qui avaient eu lieu en province, elle se tenait du côté du Gouvernement et s’efforçait de maintenir le calme parmi le peuple de Berlin qui, pendant cinq jours, ne cessa de se rassembler en foule devant le palais royal pour discuter les nouvelles et réclamer des changements dans le Gouvernement ; puis, lorsqu’après l’annonce de la chute de Metternich, le roi fit enfin quelques petites concessions, la bourgeoisie crut la Révolution accomplie et vint