Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/83

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était tout aussi nécessaire à ces ministres « libéraux » qu’eux-mêmes lui étaient indispensables. L’insurrection avait épargné le trône, et le trône était le seul obstacle opposé à « l’anarchie » ; aussi les libéraux de la classe moyenne et leurs chefs, actuellement au ministère, avaient-ils tout intérêt à rester en termes excellents avec la couronne. Le roi et la camarilla réactionnaire qui l’entourait ne mirent pas beaucoup de temps à s’en apercevoir et en profitèrent pour arrêter le ministère même dans la voie des petites réformes qu’il avait de temps en temps l’intention de faire.

Le premier soin du ministère fut de donner une sorte d’apparence légale aux récents changements opérés par violence. En dépit de toute l’opposition populaire, on convoqua la Diète Réunie. Elle devait, en qualité d’organe légal et constitutionnel du peuple, voter une nouvelle loi électorale qui permit de procéder à l’élection d’une assemblée chargée de s’entendre avec la couronne sur une nouvelle constitution. Les élections devaient être indirectes : la masse des votants devait élire un certain nombre d’électeurs qui, eux, avaient à choisir leurs représentants. Ce système d’élection à deux degrés passa malgré les efforts de toute l’opposition. On demanda alors à la Diète Réunie un emprunt de 40 millions de thalers (25 millions de dollars), auquel le parti populaire s’opposa, mais qui fut également consenti.

Ces actes du ministère permirent au parti popu-