Page:Marx - L’Allemagne en 1848.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cole ; le commerce et les manufactures n’ont jamais été en grande faveur parmi eux. Aussi, avec l’accroissement de la population et l’apparition des villes dans cette région, la production de tous les articles de manufacture est-elle tombée entre les mains des Allemands immigrants ; l’échange de ces marchandises contre les produits agricoles est devenu le monopole exclusif des Juifs qui, s’ils appartiennent du moins, à une nationalité quelconque, sont, dans ces régions, certainement plutôt Allemands que Slaves. Tel était, quoiqu’il un moindre degré, le cas dans tout l’Est de l’Europe. Jusqu’à nos jours, l’artisan, le petit boutiquier, le petit manufacturier à Saint-Pétersbourg, à Pesth, à Jassy, ou même à Constantinople, est Allemand, tandis que le prêteur d’argent, le cabaretier, le colporteur — homme très important dans ces pays peu peuplés — est généralement un Juif, dont la langue maternelle consiste en un allemand horriblement corrompu. L’importance de l’élément allemand dans ces localités des frontières slaves, née de la fondation des villes, de l’établissement du commerce et des manufactures, s’est trouvée encore augmentée lorsqu’il a fallu importer d’Allemagne presque tous les éléments d’une culture intellectuelle ; après le marchand et l’artisan allemands, le prêtre allemand, le maître d’école allemand, le savant allemand, vinrent s’établir sur le sol slave. Enfin, la marche de fer des armées conquérantes ou la conquête prudente et bien réflé-