Cavaignac et le père de l’Église Marrast en tête, quand l’article sur la suppression des clubs eut passé, se retira, avec Ledru-Rollin et la Montagne, en un bureau spécial et « tinrent conseil ». L’Assemblée nationale était paralysée. Elle ne disposait plus du nombre de suffrages nécessaires pour pouvoir prendre une décision valable. M. Crémieux se souvint à temps que le chemin que l’on prenait menait droit à la rue et que l’on n’était plus en février 1848, mais en mars 1849. Le parti du National, aussitôt éclairé, rentra dans la salle des séances. Derrière lui la Montagne suivait, la Montagne, qui, tout en étant constamment tourmentée par des envies révolutionnaires, recherchait continuellement des possibilités constitutionnelles et se trouvait toujours mieux à sa place derrière les républicains bourgeois que devant le prolétariat révolutionnaire. La comédie était jouée. La Constituante elle-même avait décrété que la désobéissance à la lettre de la constitution était le seul moyen possible de réaliser son esprit.
Un seul point restait à régler : les relations que la République constituée devait entretenir avec la révolution européenne, sa politique étrangère. Le 8 mai 1849, une agitation extraordinaire régnait dans la Constituante dont le mandat devait expirer dans quelques jours. L’attaque de Rome par l’armée française, le recul de cette armée devant les Romains, l’infamie politique, la honte