L’Assemblée nationale prenait-elle subitement le ministère Barrot pour le Comité de Salut public ? Se croyait-elle, elle-même, la Convention ? Pourquoi donc occuper militairement un point du nord de l’Italie ? On cachait sous ce voile transparent l’expédition contre Rome.
Le 14 avril, 14.000 hommes s’embarquaient pour Civita-Vecchia sous les ordres d’Oudinot. Le 16 avril, l’Assemblée nationale accorda au ministère un crédit de 1.200.000 francs pour l’entretien, pendant trois mois, d’une flotte d’intervention dans la Méditerranée. Elle donnait ainsi au ministère tous les moyens d’agir contre Rome en feignant de le laisser intervenir contre l’Autriche. Elle ne voyait pas ce que le ministère faisait ; elle se bornait à écouter ce qu’il disait. Israël n’avait pas témoigné une foi pareille. La Constituante en était arrivée à ne pas oser savoir quelle conduite devait tenir la République constituée.
Enfin, le 8 mai, se joua la dernière scène de la comédie. La Constituante invita le ministère à prendre des mesures rapides pour ramener l’expédition d’Italie à son véritable but. Bonaparte, le même soir, fait paraître une lettre dans le Moniteur où il témoignait à Oudinot la plus grande reconnaissance. Le 11 mai, l’Assemblée nationale repousse la mise en accusation de Bonaparte et de son ministère. Et la Montagne, au lieu de déchirer le voile mensonger, prend au tragique la