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de juin 1848 au 13 juin 1849
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fraction sérieuse de la classe bourgeoise. C’était un assemblage de vieux invalides superstitieux et de jeunes chevaliers d’industrie incrédules. — Le parti de l’ordre triompha aux élections. Il envoya une grande majorité à l’Assemblée législative.

En face de la classe bourgeoise, de la contre-révolution coalisée, les fractions de la petite bourgeoisie et de la classe paysanne qui avaient déjà été révolutionnaires, devaient s’unir au défenseur attitré des intérêts révolutionnaires, au prolétariat. Nous avons vu que, dans le Parlement, les porte-paroles démocrates de la petite bourgeoisie, la Montagne, s’étaient, à la suite de leurs défaites parlementaires rapprochés des interprètes socialistes du prolétariat et que, en dehors du Parlement, la véritable petite bourgeoisie s’était rapprochée des vrais prolétaires à la suite de l’échec des « concordats à l’amiable », du triomphe brutal des intérêts bourgeois, à la suite de la banqueroute. Le 27 janvier, la Montagne et les socialistes avaient fêté leur réconciliation. Dans le grand banquet de février, en 1849, on renouvela le pacte d’alliance. Le parti social et le parti démocratique, celui des ouvriers et celui des petits bourgeois, s’unirent en un parti social-démocratique, le parti rouge.

La République française, un instant paralysée par l’agonie qui succéda aux journées de juin, avait, depuis la levée de l’état de siège, depuis le 14 octobre, traversé une série continue d’agitations