petite bourgeoisie démocrate, était, contrainte de s’unir aux doctrinaires socialistes du prolétariat. Le prolétariat était obligé par la formidable défaite de Juin de se relever par des victoires intellectuelles, incapable, vu l’état de développement des autres classes, de s’emparer de la dictature révolutionnaire, et contraint de se jeter dans les bras des théoriciens de son émancipation, des fondateurs de sectes socialistes ; d’autre part, les paysans révolutionnaires, l’armée, les provinces se rangeaient derrière la Montagne qui devenait ainsi le chef du camp révolutionnaire et qui, par son entente avec les socialistes, avait éloigné tout antagonisme du parti de la révolution. Dans la dernière moitié de l’existence de la Constituante, la Montagne y représentait le pathos républicain et avait fait oublier les fautes, commises par elle, sous le gouvernement provisoire, sous la commission exécutive, pendant les journées de Juin. A mesure que le parti du National, conformément à l’imperfection de sa nature, se laissait accabler par le ministère royaliste, le parti de la Montagne, tenu à l’écart au temps de l’omnipotence du National, s’élevait et devenait le représentant parlementaire de la révolution. En fait le parti du National ne pouvait opposer aux fractions royalistes que des personnalités ambitieuses et des bourdes idéalistes. La Montagne, par contre, représentait une masse placée entre la bourgeoisie et le prolétariat, masse dont les intérêts matériels exigeaient des institu-
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