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la lutte des classes en france

bruyante du « parti de l’ordre » et de la Montagne, de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie qui s’oppose vainement à l’établissement de la République bourgeoise, en faveur de laquelle cependant elle avait conspiré sans interruption dans le gouvernement provisoire et dans la commission exécutive, au profit de laquelle elle s’était fanatiquement battue contre le prolétariat pendant les journées de juin. Le 13 juin brise sa résistance et fait de la dictature législative des royalistes coalisés un « fait accompli ». A partir de cet instant, l’Assemblée nationale n’est plus que le Comité du Salut publie, du parti de l’ordre.

Paris avait mis en accusation le président, les ministres et la majorité de l’Assemblée nationale. Ils mirent Paris en état de siège. La Montagne avait mis la majorité de l’Assemblée nationale « hors la constitution » ; la majorité traduisit la Montagne devant la « haute Cour » pour violation de la Constitution et proscrivit tous ceux qui avaient encore quelque vigueur. Elle décima la Montagne au point de la réduire à l’état de tronc sans tête ni cœur. La minorité avait été jusqu’à tenter une insurrection parlementaire, la majorité fit une loi de son despotisme parlementaire. Elle décréta un nouveau règlement qui anéantissait la liberté de la tribune, et autorisa le président de l’Assemblée à punir pour désordre les représentants par la censure, l’amende, la suspension de l’indemnité, l’expulsion temporaire, la