sentir. Durant la suspension des journaux démocrates-socialistes, alors que régnaient les lois de répression et que le royalisme se déchaînait, le Siècle, l’ancien représentant littéraire des petits bourgeois monarchistes constitutionnels, s’était républicanisé ; la Presse, l’ancien interprète littéraire des réformateurs bourgeois, s’était démocratisé ; le National, l’ancien organe classique des bourgeois républicains, s’était socialisé.
Les sociétés secrètes croissaient en extension et en activité à mesure que les clubs publics devenaient impossibles. Les associations industrielles formées par les travailleurs et que l’on tolérait à titre de simples compagnies commerciales, nulles économiquement parlant, devenaient politiquement autant de moyens de grouper le prolétariat. Le 13 juin avait enlevé leurs chefs officiels aux divers partis à moitié révolutionnaires. La masse qui restait y gagna de se conduire par elle-même. Les chevaliers de l’ordre avaient intimidé en prophétisant les horreurs de la république rouge. Les excès brutaux, les atrocités hyperboréennes de la contre-révolution victorieuse en Hongrie, à Bade, à Rome lavèrent la république rouge des accusations. Et les classes moyennes de la société française commençaient à préférer les promesses de la république rouge avec sa terreur problématique à la terreur de la monarchie rouge dépourvue de toute espérance réelle. Aucun socialiste ne fit en France plus de propagande révolutionnaire que Haynau :