Au commencement d’octobre se réunit la législative — quantum mutatus ab illo —. Sa physionomie était complètement modifiée. Le rejet inattendu de la revision par les conseils départementaux avait replacé l’Assemblée nationale sur le terrain constitutionnel et lui avait rappelé les limites de son existence. Les pèlerinages des légitimistes à Ems avaient rendu les orléanistes défiants. Les légitimistes étaient devenus soupçonneux à la suite des menées des orléanistes à Londres. Les journaux de ces deux fractions avaient attisé le feu et pesé les prétentions réciproques de leurs prétendants. Les orléanistes et les légitimistes réunis gardaient rancune aux bonapartistes de leurs intrigues que dévoilaient les voyages princiers, les tentatives plus ou moins visibles du prétendant de s’émanciper, le langage plein de prétention des journaux bonapartistes. Louis Bonaparte était mécontent d’une assemblée qui n’admettait que la conspiration orléano-légitimiste, mécontent d’un ministère qui continuellement le trahissait au profit de cette assemblée. Enfin le ministère lui-même était divisé sur la politique romaine et sur l’impôt sur le revenu proposé par le ministre Passy et auquel les conservateurs trouvaient une saveur socialiste.
Une des premières propositions que fit le ministère Barrot à l’Assemblée nationale réunie de nouveau, fut une demande de crédit de 300.000 francs, destinés à constituer un douaire à la duchesse d’Orléans. L’Assemblée nationale l’accorda et augmenta