Il était donc impossible, en France, de modifier le déficit sans [bouleverser complètement l’État. Ce déficit impliquait l’endettement de l’État ; cet endettement supposait la domination du commerce dont la dette publique est l’objet, la suprématie des créanciers d’État, banquiers, marchands d’argent, « loups-cerviers ». Une seule fraction du « parti de l’ordre » était intéressée au renversement de l’aristocratie financière : c’étaient les fabricants. Nous ne voulons parler ici ni des petits ni des moyens industriels ; nous avons en vue ces régents des intérêts de la fabrique qui avaient formé, sous Louis-Philippe, le fond principal de l’opposition dynastique. Leur intérêt est, incontestablement, de réduire les frais de production, par suite de diminuer les impôts qui l’obèrent, et de restreindre la dette publique dont les intérêts entrent dans les impôts. L’intérêt des fabricants exigeait donc la chute de l’aristocratie financière.
En Angleterre — et les plus grands fabricants français ne sont que des petits bourgeois en comparaison de leurs rivaux anglais — nous rencontrons véritablement des fabricants, un Cobden, un Bright à la tête de la croisade contre l’aristocratie financière. Pourquoi n’en est-il pas de même en France ? En Angleterre, c’est l’industrie qui prédomine, en France, c’est l’agriculture. En Angleterre, l’industrie a besoin du free trade, en France elle exige la protection, un monopole national s’ajoutant aux autres. L’industrie française