tive le rétablit. Le peuple français était condamné à donner continuellement la chasse à cet impôt ; quand il l’avait jeté à la porte, il le voyait rentrer par la fenêtre.
La haine dont le peuple poursuit cette taxe s’explique. Elle rassemble, en effet, en elle, tout ce qu’il y avait de haïssable dans l’ancien système des impôts français. La façon dont elle est levée est odieuse, sa répartition est aristocratique : la taxe est la même pour les vins les plus ordinaires comme pour les plus précieux. Cet impôt croît donc en proportion géométrique dans la mesure où la fortune des consommateurs diminue. C’est un impôt progressif à rebours. Il provoque donc directement à l’empoisonnement des classes ouvrières. Il accorde une prime aux vins falsifiés, contrefaits. Il diminue la consommation en plaçant des bureaux d’octroi aux portes de toutes les villes de plus de 4.000 habitants et en transformant chaque cité en un pays étranger protégé par des taxes de douane contre les vins français. Les grands commerçants en vins, les petits à plus forte raison, les « marchands de vins » dont les bénéfices dépendent directement de la vente du vin sont autant d’ennemis déclarés de l’impôt des boissons. Enfin, en diminuant la consommation, cette taxe ferme à la production son débouché. En même temps qu’il empêche les ouvriers des villes de payer le vin, il empêche également les vignerons de le vendre. Et la France compte une population de vignerons