La transformation graduelle subie par les paysans se montra à différents symptômes. Elle se manifesta dans les élections pour l’Assemblée législative, puis dans la mise en état de siège des départements voisins de Lyon, puis dans l’élection par le département de la Gironde d’un Montagnard à la place de l’ancien président de la « Chambre introuvable » peu de jours après le 13 juin, enfin par l’élection d’un rouge le 20 décembre 1849 à la place d’un légitimiste décédé dans le département du Gard, cette terre promise du légitimisme, théâtre d’atrocités effrayantes subies par les républicains en 1794 et en 1795, centre de la terreur blanche en 1815 où libéraux et protestants furent ouvertement assassinés. Le bouleversement de la classe la plus stationnaire de la population apparut très clairement après le rétablissement de l’impôt des boissons. Les mesures gouvernementales, les lois de janvier et de février 1850 sont presqu’exclusivement destinées aux départements et aux paysans. C’était la preuve la plus frappante du progrès qu’ils avaient accompli.
La circulaire d’Hautpoul, qui fait du gendarme un inquisiteur au service du préfet, du sous-préfet et surtout du maire, qui organise l’espionnage au sein des communes rurales les plus éloignées ; la loi contre les instituteurs, en vertu de laquelle ces derniers, les gens capables, les porte-paroles, les éducateurs et les interprètes de la classe paysanne étaient soumis à l’arbitraire des préfets ; eux, les pro-