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lique s’élevait environ à 14 millions de livres, somme inouïe pour la France. La Banque avait donc été mise en position d’augmenter sa circulation, c’est-à-dire son capital actif, de 113 millions de francs, ou de 5 millions de livres. Ce fait prouve d’une façon frappante combien nous avions raison de prétendre, dans une livraison antérieure, que la révolution, loin d’abattre l’aristocratie financière, ne l’avait que consolidée. Cette conclusion est encore plus évidente si nous jetons le coup d’œil suivant sur la législation française de la Banque dans ces dernières années. Le 10 juin 1847, la Banque fut autorisée à émettre des banknotes de 200 francs. Le billet le moins important était jusqu’alors celui de 500 francs. Un décret du 15 mars 1848 donnait aux billets de la Banque la valeur d’une monnaie légale et dispensait cet établissement de l’obligation de les rembourser en espèces. L’émission des billets fut limitée à 350 millions de francs. Elle fut autorisée en même temps à émettre des billets de 100 francs. Un décret du 27 avril ordonna la fusion des banques départementales avec la Banque de France. Un autre décret du 2 mai 1848 élève son émission à 442 millions de francs. Un décret du 22 décembre 1849 élève le maximum de l’émission à 525 millions de francs. Enfin la loi du 6 septembre 1850 rétablit le remboursement des billets en espèces. Tous ces faits, l’accroissement constant de la circulation, la concentration de tout le crédit français entre les