Cette comédie des « républicains malgré eux » ; la répugnance témoignée au statu quo et sa consolidation constante ; les conflits incessants entre Bonaparte et l’Assemblée nationale ; la menace de la dissolution du « parti de l’ordre » en ses éléments constitutifs, menace sans cesse renouvelée ; les tentatives de chaque fraction de transformer la victoire remportée contre l’ennemi commun en une défaite des alliés momentanés ; la jalousie réciproque ; la rancune, les poursuites, les infatigables levées de boucliers qui se terminent toujours par des baisers Lamourette — toute cette farce peu édifiante ne se poursuivit jamais plus classiquement que pendant ces derniers six mois.
Le « parti de l’ordre » regardait tout d’abord la loi électorale comme une victoire remportée sur Bonaparte. Le gouvernement n’avait-il pas abdiqué en abandonnant la rédaction et la responsabilité de sa propre proposition à la commission des dix-sept ? La force principale de Bonaparte vis-à-vis de l’Assemblée ne résidait-elle pas dans sa qualité d’élu de 6 millions ? Bonaparte, de son côté, considérait la loi électorale comme une concession faite à l’Assemblée. Il espérait grâce à elle acheter l’harmonie de l’Exécutif avec le Législatif. Cet aventurier de bas étage demandait pour salaire qu’on augmentât sa liste civile de 3 millions. L’Assemblée nationale pouvait-elle entrer en conflit avec l’Exécutif au moment où elle mettait au ban la grande majorité de Français ? Elle se fâcha,