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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/196

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la lutte des classes en france

quérantes, savait remonter le courage de ses soldats par une familiarité patriarcale momentanée, le pseudo-Napoléon croyait que ses troupes le remerciaient en criant : « Vive Napoléon, vive le saucisson[1] ! »

Ces revues firent éclater le différend longtemps dissimulé qui divisait Bonaparte et son ministre de la Guerre, d’Hautpoul, d’un côté, et Changarnier de l’autre. En Changarnier, le « parti de l’ordre » avait trouvé l’homme vraiment neutre qu’il cherchait, l’homme chez lequel il ne pouvait être question de préférences dynastiques particulières. Ce parti l’avait destiné à prendre la succession de Bonaparte. Changarnier, de plus, par son rôle le 29 janvier et le 13 juin 1849, était devenu le grand capitaine du « parti de l’ordre », le moderne Alexandre dont l’intervention brutale avait, aux yeux des bourgeois peureux, tranché le nœud gordien de la révolution. Aussi ridicule, au fond, que Bonaparte, il était devenu à bon marché une puissance et fut chargé par l’Assemblée de surveiller le président. Lui-même faisait parade, par exemple dans la question de la dotation, de la protection qu’il accordait à Bonaparte et devint de plus en plus puissant vis-à-vis de ce dernier et de ses ministres. Quand, à l’occasion du vote de la loi électorale, on s’attendait à une insurrection, il défendit à ses officiers d’exécuter un ordre quel-

  1. Marx traduit : es lebe die Wurst, es lebe der Hanswurst !