plus mesquin. Dès qu’une des couches sociales qui lui sont supérieures entre en fermentation révolutionnaire, le prolétariat conclut une alliance avec elle ; il partage ainsi toutes les défaites que les divers partis subissent à tour de rôle. Mais ces coups supplémentaires s’affaiblissent d’autant plus qu’ils se répartissent davantage sur toute la surface de la société. Les plus considérables des chefs du prolétariat à l’Assemblée et dans la presse deviennent successivement les victimes des Tribunaux et des figures de plus en plus douteuses se placent à sa tête. Il se jette en partie dans des expériences doctrinaires, banques d’échange et associations ouvrières ; il entre dans un mouvement où il renonce à bouleverser le vieux monde à l’aide des puissants moyens généraux qui lui sont propres ; il préfère essayer d’effectuer son affranchissement à l’insu de la société, à l’aide d’entreprises privées, dans les limites restreintes de ses conditions d’existence ; aussi échoue-t-il nécessairement. Il semble ne pouvoir ni retrouver encore en lui-même sa grandeur d’âme révolutionnaire, ni puiser une nouvelle énergie dans les alliances nouvellement conclues jusqu’à ce que toutes les classes contre qui il a combattu en Juin soient terrassées à ses côtés. Mais il succombe au moins avec honneur dans une des grandes batailles de l’histoire. Ce n’est pas seulement la France, mais toute l’Europe qui tremble devant le cataclysme de Juin. Les défaites suivantes des classes supérieures ont été payées si
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