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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/263

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le xviii brumaire de louis bonaparte
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Il est rare qu’une action ait été annoncée plus bruyamment que ne le fut l’entrée en campagne imminente de la Montagne ; il est rare qu’un événement ait été publié à son de trompe avec plus de certitude et plus longtemps à l’avance que ne le fut l’inévitable victoire de la démocratie. C’est tout à fait certain : les démocrates croient aux trompettes dont les coups faisaient tomber les murs de Jéricho. Chaque fois qu’ils rencontrent devant eux les boulevards du despotisme, ils tentent de contrefaire le miracle. Si la Montagne voulait vaincre dans le Parlement, il ne lui était pas loisible d’appeler aux armes. Si, dans le Parlement, elle appelait aux armes, il ne lui était pas permis de se conduire parlementairement dans la rue. Si ce que l’on avait sérieusement en vue était une démonstration pacifique, il était sot de ne pas prévoir qu’elle serait accueillie belliqueusement. Si l’on visait à une lutte véritable, il était original de déposer les armes au moyen desquelles elle devait être menée. Mais les menaces révolutionnaires des petits bourgeois et de leurs représentants démocrates sont de simples tentatives d’intimider l’adversaire. Et quand ils se sont jetés dans un cul-de-sac, quand ils se sont suffisamment compromis pour se voir forcés d’exécuter leurs menaces, l’exécution est équivoque : ils ne fuient rien tant que les moyens propres à atteindre le but, et cherchent des prétextes à la défaite. L’ouverture bruyante qui annonçait le combat se perd