ment de mobilité et de ressort qui ne trouvent d’analogue que dans la dépendance incurable, dans la difformité incohérente du corps social réel, on comprend qu’en un semblable pays l’Assemblée nationale devait désespérer d’exercer toute influence véritable puisqu’elle ne disposait plus des ministères à moins qu’en même temps elle ne simplifiât l’administration de l’État, ne réduisît le plus possible l’armée des fonctionnaires et ne permît enfin à la société civile et à l’opinion publique de se créer leurs propres organes, indépendants du pouvoir gouvernemental. Mais l’intérêt matériel de la bourgeoisie française est précisément très intimement lié au maintien de ce mécanisme large et compliqué. C’est là qu’elle place ses membres superflus et complète sous figure d’appointements payés par l’État ce qu’elle ne peut empocher sous forme de profits, intérêts rentes et honoraires. D’autre, part son intérêt politique l’obligeait à augmenter la répression : c’est-à-dire à accroître les moyens d’action et le personnel du pouvoir, tandis qu’en même temps elle se voyait obligée de faire une guerre continuelle à l’opinion publique, de jalousement mutiler et paralyser les organes moteurs de la société là où elle n’avait pas réussi à les amputer complètement. Ainsi la bourgeoisie française était forcée par sa situation de classe d’anéantir d’une part les conditions nécessaires à l’existence de tout pouvoir parlementaire, et par suite aussi celles du sien
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