ment de proposer sous forme de projets de loi les marottes personnelles du président, ils ne paraissaient le faire qu’à contre-cœur, contraints par leur charge à remplir des ordres comiques de l’insuccès desquels ils étaient par avance convaincus. Toutes les fois que Bonaparte divulgait ses conceptions à l’insu des ministres et jouait de ses « idées napoléoniennes », ses propres ministres le dénonçaient du haut de la tribune de l’Assemblée. Ses velléités d’usurpation ne semblaient s’ébruiter que pour ne pas permettre aux rires malicieux de ses adversaires de s’éteindre. Il se conduisait en génie méconnu que tout le monde prend pour un simple. Il ne jouit jamais plus complètement du mépris de toutes les classes que pendant cette période. Jamais la bourgeoisie ne régna plus absolument, jamais elle ne fit plus ostensiblement étalage des insignes du pouvoir.
Je n’ai pas à faire ici l’historique de son activité législatrice. Elle peut pendant cette période se résumer en deux lois : la première qui rétablit l’impôt des boissons, la seconde, la loi sur l’instruction, qui veut supprimer l’incrédulité. Si le Français avait ainsi plus de difficulté pour boire du vin, on lui versait d’autant plus largement l’eau de la vraie vie. La bourgeoisie avait, par l’impôt des boissons, proclamé l’intangibilité du système d’impôts de l’ancienne France. Elle cherchait, par contre, au moyen de la loi sur l’instruction, à s’assurer l’ancien état d’esprit des masses