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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/280

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la lutte des classes en france

Quelle que fut la somme de passion et de déclamation que le « parti de l’ordre » eût pu du haut de la tribune de l’Assemblée diriger contre la minorité, son éloquence se réduisait à des monosyllabes, comme le chrétien dont les discours doivent se borner à : « Oui, oui, non, non ! » A la tribune comme dans la presse, la réponse était la même : aussi fade qu’une énigme dont on connaît d’avance la solution. S’agit-il de droit de pétition ou d’impôt sur le vin, de liberté de la presse ou de libre-échange, des clubs ou de l’organisation municipale, de la protection de la liberté personnelle ou du règlement du budget, c’est le même mot d’ordre qui revient toujours, le thème reste toujours le même, la condamnation est toujours prête : on répond invariablement socialisme. On déclare socialiste même le libéralisme bourgeois ; socialiste elle aussi la culture bourgeoise, socialistes, les réformes financières bourgeoises. Il était socialiste de construire un chemin de fer là où se trouvait déjà un canal ; il était socialiste de se défendre avec le bâton quand on vous attaquait avec l’épée.

Ce n’était pas là simplement une manière de parler, une mode, une tactique de parti. La bourgeoisie avait cette opinion exacte que toutes les armes qu’elle avait forgées contre le féodalisme se retournaient contre elle, que tous les dieux qu’elle avait créés l’abandonnaient. Elle comprenait que ce qu’on appelait les libertés bourgeoises,