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Page:Marx - La Lutte des classes en France - Le 18 brumaire de Louis Bonaparte, 1900.djvu/283

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le xviii brumaire de louis bonaparte
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réduit au calme. Pour conserver intacte sa puissance sociale, il est nécessaire que sa puissance politique soit brisée. Les bourgeois, chacun en particulier, ne peuvent continuer à exploiter les autres classes, à jouir sans être troublés de la propriété, de la famille, de la religion et de l’ordre qu’à une condition : leur classe doit être condamnée, comme les autres, à une même nullité politique. Pour lui sauver sa bourse, il faut lui arracher la couronne, et le glaive destiné à la protéger doit être suspendu sur sa tête comme une épée de Damoclès.

Dans la sphère des intérêts généraux de la bourgeoisie, l’Assemblée nationale se montra si stérile que, par exemple, les débats sur le chemin de fer de Paris à Avignon, commencés pendant l’hiver de 1851 n’étaient pas encore susceptibles d’être clos le 2 décembre 1851. Quand elle n’opprimait pas, quand elle ne se livrait pas à la réaction, elle était frappée d’incurable stérilité.

Tandis que le ministère de Bonaparte prenait l’initiative de lois conçues dans le sens du « parti de l’ordre », ou exagérait encore leur sévérité dans leur application et dans leur exécution, le président cherchait par des propositions sottement enfantines à conquérir la popularité, à faire constater son antagonisme avec l’Assemblée, et comprendre, au moyen de réticences mystérieuses, que seules les circonstances l’empêchaient pour l’instant d’ouvrir au peuple français ses trésors