je dispose de telle façon que l’intervalle s’écoule sans agitation et sans trouble. Je vous ai ouvert mon cœur avec franchise : vous répondrez à ma sincérité par votre confiance, à ma bonne volonté par votre concours et Dieu fera le reste. »
Le langage de la bourgeoisie, honnête, hypocritement modéré, plein de lieux communs vertueux, revêt sa signification la plus profonde dans la bouche du chef effectif de la société du 10 décembre, du héros de pique-nique de St-Maur et de Satory. Les burgraves du « parti de l’ordre ne se firent pas un instant illusion sur la confiance que méritait cette ouverture. Depuis longtemps blasés sur les serments, ils comptaient dans leurs rangs des vétérans, des virtuoses du parjure. Le passage relatif à l’armée ne leur avait pas échappé. Ils remarquaient avec mécontentement que dans l’énumération prolixe des lois promulguées depuis peu, le message avait, avec affectation, passé sous silence la plus importante : la loi électorale et, bien mieux que dans le cas où la constitution ne serait pas revisée, il confiait à la nation l’élection du président en 1852. La loi électorale était le boulet qui entravait la marche du « parti de l’ordre » et l’arrêtait bien plus encore dans son assaut ! De plus, Bonaparte, en dissolvant, par mesure administrative, la société du 10 décembre et en relevant de ses fonctions le ministre de la Guerre d’Hautpoul, avait, de sa propre main, immolé les boucs émissaires sur l’autel de la patrie. Il avait émoussé l’acuité