n’avoir pas livré pour elle un combat désespéré ! Cette bourgeoisie qui, à tout moment, sacrifiait son intérêt général de classe, son intérêt politique à l’intérêt particulier le plus borné, le plus malpropre, qui exigeait de ses représentants un sacrifice analogue, elle se lamente maintenant et se plaint que le prolétariat ait sacrifié son idéal politique à ses intérêts matériels. Elle se donne pour une bonne âme que le prolétariat égaré par les socialistes méconnaît et qu’il a abandonnée au moment critique. Ses plaintes trouvent partout un écho dans le monde bourgeois. Je ne parle naturellement pas ici des politiciens marrons et des lourdauds intellectuels de l’Allemagne. Je renvoie, par exemple, au même Economist qui encore, le 29 novembre 1851, c’est-à-dire quatre jours avant le coup d’État proclamait que Bonaparte était la « sentinelle de l’ordre », et Thiers et Berryer, des « anarchistes ». Déjà le 27 décembre 1851, quand Bonaparte avait déjà condamné ces « anarchistes » au repos, l’Economist reproche à grands cris la trahison que les « masses prolétariennes ignorantes, grossières et stupides ont perpétré au détriment de l’habileté, de la science, de la discipline, de l’influence spirituelle, des ressources intellectuelles et de l’importance morale des couches moyennes et supérieures de la société. » La masse stupide, ignorante et grossière n’était personne d’autre que la masse même des bourgeois.
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