concile de Constance se plaignaient de la vie dépravée des papes et se lamentaient sur la nécessité de réformer les mœurs, le cardinal Pierre d’Ailly s’écria d’une voix de tonnerre : « Seul le diable en personne peut sauver l’Église catholique et vous demandez des anges. » De même, la bourgeoisie française s’écria après le « coup d’État » : « Seul, le chef de la société du 10 décembre peut sauver la société bourgeoise ! Seul le vol peut sauver la propriété ; le parjure, la religion ; la bâtardise, la famille ; le désordre, l’ordre !
Bonaparte, une fois le pouvoir exécutif devenu une puissance indépendante, sent son devoir d’assurer « l’ordre de choses bourgeois ». Mais la force de cet ordre réside dans la classe moyenne. Il se pose donc comme représentant de cette classe et publie des décrets en ce sens. Cependant, s’il est quelque chose, c’est parce qu’il a brisé le pouvoir politique de cette classe moyenne et le brise encore quotidiennement. Aussi se déclare-t-il l’adversaire de la puissance politique et littéraire de cette classe ; mais en protégeant sa puissance matérielle, il crée de nouveau à son profit sa puissance politique. La cause doit donc être maintenue en vie, mais l’effet, là où il se montre, doit être supprimé. Mais tout cela ne peut se faire sans qu’il se produise quelques petites confusions entre la cause et l’effet, puisque la cause et l’effet, dans leur action et réaction réciproques, perdent leur caractère distinctif. De nouveaux décrets effacent la