C’est en vain qu’il mendiait des sacrifices patriotiques. Seuls, les ouvriers lui accordèrent quelques aumônes. Il fallait se résigner à un moyen héroïque, la promulgation d’un nouvel impôt. Mais qui donc imposer ? Les loups de la Bourse, les rois de la Banque, les créanciers de l’État, les rentiers, les industriels. Ce n’était pas un moyen de recommander la République aux bourgeois. Cela revenait à compromettre d’un côté le crédit public et le crédit commercial, alors que d’autre part on cherchait à se les concilier au prix des plus grands sacrifices, des plus grandes humiliations. Il fallait cependant que quelqu’un desserrât les cordons de sa bourse. Qui fut sacrifié au crédit bourgeois ? Ce fut « Jacques Bonhomme », le paysan.
Le gouvernement provisoire établit un impôt additionnel de 45 centimes par franc sur les quatre impôts directs. La presse gouvernementale raconta au prolétariat parisien que cet impôt retomberait heureusement sur la grande propriété, sur les propriétaires du milliard octroyé par la Restauration. En réalité, il atteignit surtout la classe paysanne, c’est-à-dire la grande majorité de la nation française. Les paysans durent payer les frais de la révolution de Février. La contre-révolution trouva chez eux son principal contingent. L’impôt des 45 centimes devenait une question vitale pour le paysan français. Il en fit une question vitale pour la République. Dès ce moment, le paysan vit dans la République l’impôt des 45 centimes et le prolé-