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de février à juin 1848
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tariat parisien était le dissipateur qui se donnait du bon temps à ses frais.

Tandis que la Révolution de 1789 avait commencé par délivrer le paysan du fardeau de la féodalité, la révolution de 1848 se fit connaître par un impôt pesant sur la population campagnarde, et cela pour ne pas inquiéter le capital et pour maintenir en marche le mécanisme de l’Etat capitaliste.

Le gouvernement provisoire n’avait qu’un seul moyen d’écarter toutes ces difficultés et de faire sortir l’État de l’ancienne ornière. Il fallait déclarer la banqueroute de l’État. On se souvint avec quelle indignation vertueuse Ledru-Rollin se prononça au sein de l’Assemblée nationale contre cette proposition du boursier juif Fould, actuellement ministre des finances. Fould lui présentait cependant une pomme de l’arbre de la science.

En reconnaissait les traites que la vieille société bourgeoise avait tirées sur l’État, le gouvernement provisoire s’était rendu à discrétion. Au lieu de rester le créancier menaçant de la bourgeoisie, prêt à encaisser les dettes contractées depuis de nombreuses années envers la révolution, le gouvernement provisoire était devenu un débiteur besogneux. Il dut consolider les rapports bourgeois ébranlés, remplir des engagements dont ces rapports seuls permettent l’exécution. Le crédit devint une condition de son existence. Les concessions, les promesses faites au prolétariat se