« Vive Ledru-Rollin ! Vive le gouvernement provisoire ! » Il était obligé de prendre, contre la bourgeoisie, le parti de la République bourgeoise dont l’existence lui paraissait remise en question. Il affermit le gouvernement provisoire au lieu de se le soumettre. Le 17 mars aboutit à une scène mélodramatique, et si, ce jour-là encore, le prolétariat parisien fit voir son corps gigantesque, la bourgeoisie, au sein du gouvernement provisoire et en dehors de lui, était d’autant plus décidée à l’abattre.
Le 16 avril fut un malentendu machiné par le gouvernement provisoire avec le concours de la bourgeoisie. Les ouvriers s’étaient réunis en nombre au Champs-de-Mars et à l’hippodrome pour préparer l’élection de l’État-Major de la garde nationale. Soudain d’un bout de Paris à l’autre se répandit avec la rapidité de l’éclair le bruit que les ouvriers s’étaient assemblés en armes au Champ de Mars sous la conduite de Louis Blanc, de Blanqui, de Cabet et de Raspail pour marcher de là sur l’Hôtel de Ville, renverser le gouvernement provisoire et proclamer un gouvernement communiste. On battit la générale. — Ledru-Rollin, Marrast, Lamartine se disputèrent plus tard l’honneur de cette initiative ; en une heure 100 000 hommes sont sous les armes ; l’Hôtel de Ville est gardé sur tous les points par les gardes nationaux ; le cri de : « A bas les communistes ! à bas Louis Blanc, à bas Blanqui, à bas Raspail, à bas Cabet ! » gronde dans tout Paris