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la lutte des classes en france

en un mot, c’était la République bourgeoise. On le proclama à la tribune de l’Assemblée nationale ; toute la presse bourgeoise, républicaine ou non fit écho.

Nous avons vu que la République de février n’était et ne pouvait véritablement être qu’une République bourgeoise. Mais nous avons vu aussi que le gouvernement provisoire, sous la pression directe du prolétariat, avait été contraint de proclamer qu’elle était une République pourvue d’institutions sociales. Le prolétariat parisien était encore incapable de dépasser la République bourgeoise autrement qu’en esprit, en imagination. Chaque fois qu’il accomplissait un acte réel, il agissait au profit de cette République bourgeoise. Les engagements pris à son égard étaient devenus un danger insupportable pour la nouvelle République. Le gouvernement provisoire voyait son existence se passer uniquement en une lutte dirigée contre les revendications du prolétariat.

Au sein de l’Assemblée nationale, c’était la France entière qui appelait à sa barre le prolétariat parisien. Elle rompit aussitôt avec les illusions sociales qu’avait fait naître la révolution de Février. Elle proclama nettement la République bourgeoise, rien que la République bourgeoise. Elle s’empressa d’exclure de la Commission exécutive qu’elle nomma les représentants du prolétariat : Louis Blanc et Albert. Elle repoussa le projet d’un ministère spécial du travail. Elle accueillit