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de juin 1848 au 13 juin 1849
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Quand, au sein de l’Assemblée nationale, les représentants démocrates des petits bourgeois furent repoussés par les représentants républicains de la bourgeoisie, cette rupture parlementaire prit son sens bourgeois, réel, économique : les petits bourgeois, débiteurs, étaient livrés aux bourgeois, leurs créanciers. Une grande partie des premiers fut complètement ruinée. Il fut permis à ceux qui échappèrent au désastre de continuer leur négoce dans des conditions qui en faisaient des serfs à la discrétion du capital. Le 22 août 1848, l’Assemblée nationale repoussa les concordats à l’amiable. Le 19 septembre 1848, en plein état de siège, le prince Louis-Bonaparte et le détenu de Vincennes, le communiste Raspail, furent élus représentants de Paris. La bourgeoisie, de son côté, choisit le changeur juif, l’orléaniste Fould. Ainsi, de tous les côtés à la fois, la guerre était publiquement déclarée à l’Assemblée constituante, au républicanisme bourgeois, à Cavaignac.

Il est inutile de s’étendre sur le retentissement qu’eut la banqueroute en masse des petits bourgeois de Paris. Ses effets dépassèrent de beaucoup le cercle de ceux qui en étaient immédiatement frappés. Le commerce bourgeois fut nécessairement ébranlé de nouveau. Le déficit se creusa encore une fois à la suite des dépenses occasionnées par l’insurrection de Juin. Les recettes de l’État baissaient continuellement, la production restait en suspens ; la consommation se restrei-