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la lutte des classes en france

est, au sens bourgeois, un contre-sens, un désir pieux, imparfait. Mais ce qui se trouve derrière lui, c’est le pouvoir sur le capital, derrière le pouvoir sur le capital, l’appropriation des moyens de production, leur remise à la classe ouvrière associée, c’est la suppression du salariat, du capital et de ses rapports d’échange. Derrière le droit au travail se dressait l’insurrection de Juin. L’Assemblée constituante qui, en fait, mettait le prolétariat révolutionnaire « hors la loi », devait par principe rejeter de la constitution, loi suprême, la formule prolétarienne, et fulminer l’anathème contre le « droit au travail ». Elle n’en demeura pas là. De même que Platon bannissait les poètes de sa République, l’assemblée bannissait pour l’éternité de la sienne — l’impôt progressif. Cet impôt n’est pas seulement une mesure bourgeoise, réalisable sur une échelle plus ou moins vaste dans les rapports de production actuels ; c’était encore l’unique moyen d’attacher à la République « honnête » les couches moyennes de la société bourgeoise, de réduire la dette publique, de mettre en échec la majorité anti-républicaine de la bourgeoisie.

A l’occasion des concordats à l’amiable, les républicains tricolores avaient sacrifié les petits bourgeois à la grande bourgeoisie. Ce fait isolé fut élevé à la hauteur d’un principe par l’interdiction légale de l’impôt progressif. On mettait sur le même plan une réforme bourgeoise et la révo-