constitution est la suivante : Les classes dont elle doit perpétuer l’esclavage social, prolétariat, petite bourgeoisie, classe paysanne, sont mises par elle en possession du pouvoir politique par le suffrage universel. D’autre part, elle soustrait à la classe dont elle sanctionne l’ancienne puissance les garanties politiques de cette puissance. Elle adapte violemment la domination politique de la bourgeoisie à des conditions démocratiques qui procurent la victoire aux classes ennemies et mettent en question les bases mêmes de la société bourgeoise. Elle demande aux unes de ne pas s’avancer de l’émancipation politique à l’émancipation sociale, aux autres de ne pas repasser de la restauration sociale à la restauration politique.
Ces contradictions importaient peu aux républicains bourgeois. A mesure qu’ils devenaient indispensables, et ils ne l’étaient que s’ils servaient d’avant-garde à la vieille société bourgeoise en combattant contre le prolétariat ; de parti qu’ils étaient ils tombaient au rang de coterie. La constitution, ils la traitaient comme une grande intrigue. Ce qu’il fallait constituer avant tout, c’était la suprématie d’une coterie. Cavaignac devait se prolonger dans le président, l’Assemblée constituante se prolonger dans la Législative. Les républicains espéraient réduire le pouvoir politique des masses populaires à une puissance illusoire. Ils pensaient que cette puis-