suivre son exemple. L’Assemblée nationale était le dernier asile du parti des républicains bourgeois. Si tout exercice du pouvoir exécutif était interdit à cette assemblée, ne lui restait-il pas la toute-puissance constituante ? Ce qui lui venait d’abord à l’esprit, c’était de revendiquer le poste élevé qui lui était départi, puis de s’en servir pour reconquérir le terrain perdu. Que le ministère Barrot fût remplacé par un gouvernement du National, et les créatures royalistes se voyaient obligées de quitter les palais administratifs, le personnel tricolore y rentrait triomphalement. L’Assemblée nationale décida le renversement du ministère. Le ministère lui-même fournit l’occasion. La Constituante ne pouvait en souhaiter de meilleure.
On se souvient que, pour les paysans, Louis-Bonaparte signifiait : plus d’impôts nouveaux. Il y avait six jours que ce nouveau président était installé quand son ministère proposa le maintien de l’impôt sur le sel. Le gouvernement provisoire en avait décrété la suppression. L’impôt sur le sel partage avec l’impôt sur le vin le privilège d’être le bouc émissaire de l’ancien système financier de la France, surtout aux yeux de la population paysanne. Le ministère Barrot ne pouvait mettre dans la bouche de l’élu des paysans une épigramme plus mordante pour ses électeurs que ces mots : rétablissement de l’impôt sur le sel. L’imposition du sel enleva à Bonaparte tout son sel révolutionnaire. Le Napoléon de l’insurrection paysanne s’évanouit