21 mars, le 3 mai, sont les « journées » de cette crise, autant de signes précurseurs du 13 juin.
Les Français, Louis Blanc, par exemple, ont pensé que le 29 janvier était l’effet d’une contradiction constitutionnelle. Il y avait, certes, contradiction entre l’existence simultanée d’une Assemblée nationale, souveraine, indissoluble, issue du suffrage universel et d’un président, responsable. à la lettre, envers elle, mais dont, en réalité, l’élection avait été sanctionnée par le suffrage universel. Le magistrat réunissait, de plus, sur sa personne, tous les suffrages reportés sur les différents membres de l’Assemblée nationale, toutes les voix auparavant dispersées à l’infini. Le président, enfin, était en pleine possession du pouvoir exécutif, tandis que l’Assemblée ne pouvait exercer sur ce pouvoir qu’une influence morale… Si l’on explique ainsi le 29 janvier, c’est qu’on confond les discours échangés au cours de la lutte, prononcés aux tribunes, publiés par la presse, proférés dans les clubs avec leur contenu véritable. L’opposition surgie entre Louis-Bonaparte et l’Assemblée ne représentait pas un conflit isolé entre le pouvoir constitutionnel et un autre pouvoir, entre le pouvoir exécutif et le législatif ; elle correspondait à un choc entre la république bourgeoise constituée et les instruments de sa constitution, entre les intrigues ambitieuses et les exigences idéologiques de la fraction révolutionnaire de la bourgeoisie.