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de juin 1848 au 13 juin 1849
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taire du 10 décembre. Pendant tout le cours de janvier cette agitation persista.

Dans le conflit qui s’élevait entre la Constituante et le président, cette assemblée ne pouvait remonter à sa propre origine, à l’élection générale. On en appelait, en effet, au suffrage universel. Elle ne pouvait s’appuyer sur aucun pouvoir régulier. Il s’agissait pour elle d’une lutte contre le pouvoir légal. Elle ne pouvait renverser le ministère par des votes de défiance : elle avait essayé encore de le faire le 6 et le 26 janvier ; mais le gouvernement se souciait peu de sa confiance. Il ne restait qu’une issue : l'insurrection. La partie républicaine de la garde nationale, la garde mobile et les centres de réunion du prolétariat révolutionnaire, les clubs, formaient les forces de l’insurrection. Les gardes mobiles, ces héros des journées de juin, constituaient, en décembre, les forces organisées des fractions républicaines de la bourgeoisie, comme les ateliers nationaux avaient été, avant les journées de juin, les forces organisées du prolétariat révolutionnaire. La commission exécutive de la Constituante avait brutalement attaqué les ateliers nationaux quand elle avait dû mettre lin aux prétentions du prolétariat, devenues insupportables. Le ministère de Bonaparte s’en prit de même à la garde mobile quand il dut mettre fin aux prétentions devenues insupportables des fractions républicaines de la bourgeoisie. Il ordonna le licenciement de la garde mobile. Une